Depuis quelques jours, une vidéo fait le tour des réseaux sociaux en Afrique du Sud. On peut y voir des adolescentes originaires de la province du Cap-Oriental (sud-est) danser et chanter nues lors d’une compétition renommée entre chorales scolaires.
La ministre de l’Education s’est dite scandalisée. Elle réclame une enquête et des sanctions. Mais l’affaire n’est pas aussi simple…
Dans la vidéo, on voit les jeunes filles se mettre en scène portant un léger pagne pour recouvrir leur sexe, lors d’une compétition de danse et de chant à l’Université Walter Sisulu à Zamukulungisa. «Il n’y a aucune raison pour que des élèves aillent sur scène complètement nues (…). C’est totalement inapproprié de la part des enseignants. (…) C’est d’autant plus perturbant que les femmes et filles sont de plus en plus perçues comme des objets sexuels destinés à divertir les hommes», a déclaré la ministre de l’Education, Angie Motshekga.
La ministre a dénoncé une exploitation de ces adolescentes et a refusé les explications des organisateurs qui ont justifié l’apparition dénudée des choristes car «cela faisait partie de la culture des jeunes femmes».
Il est vrai pourtant qu’en Afrique du Sud, il n’est pas rare que des jeunes femmes, souvent vierges, se produisent les seins nus dans le cadre de danses traditionnelles. Les organisateurs de ce concours de musique ont justifié cette pratique en expliquant que chaque département de l’Université devait présenter une danse appartenant à leur culture. Chez les Xhosas, une ethnie principalement présente dans la province du Cap-Oriental, la coutume veut que les jeunes filles vierges se produisent seins nus pour rester chastes jusqu’au mariage. Depuis de nombreuses années, beaucoup critiquent vivement cette tradition. «Il n’y aucune raison que ces enfants se produisent complètement nus. Cette atteinte à la dignité humaine va à l’encontre de nos valeurs culturelles», a insisté Angie Motshekga. Plus choquant, cet incident a eu lieu la veille de la Semaine de la protection de l’enfance.
Mais «Nous sommes fiers de notre tradition Xhosa. (…) Nous sommes fiers des femmes et des filles Xhosa», a déclaré le responsable de la chorale, Asive Yibana. Une enquête a été ouverte pour définir les responsabilités de chacun. Dans ce contexte, la décision de la ministre est-elle un acte de puritanisme ou une décision justifiée quand on sait que la société sud-africaine est l’une des plus violentes au monde, notamment vis-à-vis des femmes ? Une centaine de viols y est recensée chaque jour et une femme y meurt sous les coups d’un proche toutes les huit heures.
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